Histoire de mon amie Olivia, qui s’est déroulé en 2003 à Cergy Pontoise (95)
Tout au long de ses 19 années de vie, mon amie Olivia a eu des expériences qui l’ont parfois amené à changer certains aspects de sa personnalité. En voici l’une d’entre elles ; une qui l’a plus particulièrement touchée. Elle se déroule lorsque celle-ci était âgée de huit ans.
À l’époque, je côtoyais déjà Olivia, et je savais donc que c’était une petite fille heureuse mais également très insouciante. En effet, elle semblait avoir d’autres priorités que celles d’essayer de comprendre la notion du « bien et du mal », ou bien de se soucier des personnes qu’elle ne considérait pas comme étant des personnes qu’elle appréciait. En cette période Olivia était en CE2, et avec cinq de ses camarades de classe, elle avait tendance à s’en prendre aux plus faibles de sa classe et à les rabaisser et les humilier jusqu’à ce que pleurs et plaintes s’ensuivent. Dans cette classe, il y avait plus particulièrement un garçon nommé Henry ; celui-ci était de nature très réservée. Il ne parlait jamais à personne et se recroquevillait sur lui même à chaque fois que quelqu’un daignait lui adresser la parole, soit très rarement. C’était la tête de Turc de la classe, ainsi donc Olivia accompagnée de ses abominables copines de classe, se servait de sa timidité maladive pour mieux le traîner plus bas que terre. D’une manière, Olivia était bien consciente du mal qu’elle faisait sans l’être vraiment ; autrement dit, elle savait que « torturer » ce pauvre garçon était abject, mais ça lui procurait une source de plaisir et de puissance qu’elle ne voulait absolument pas laisser tomber.
Ainsi donc, tout au long de l’année, Olivia et ses amies l’ont systématiquement asticoté, embêté, bousculé, ou même fait pleurer et rentrer chez lui plus tôt. Elles n’étaient jamais à court d’idées pour rendre sa vie de classe insurmontable. Elles ont continué leurs horreurs jusqu’à ce fameux jour où tout changea, ce fameux jour où Olivia perdit à la fois son innocence, son insouciance mais aussi sa cruauté inexpliquée.
C’était à la rentrée des vacances de Pâques. Avec ses amies, Olivia était sur le pied de guerre pour reprendre sans pitié ses mesquineries, mais ce fameux jour de la rentrée, celles-ci ont remarqué que leur victime préférée, Henri, était absente. Bon, elles se sont dit « Dommage y a bien d’autres gens à embêter de toute manière », et elles sont passées à autre chose. Mais après la seconde récréation, juste après être entrés en classe, la directrice accompagnée d’une psychologue sont venues dans leur classe pour leur annoncer une terrible nouvelle : Henri avait été victime d’un accident de voiture pendant les vacances, et il en était mort. Sur le coup Olivia n’avait pas trop compris ce que la directrice avait dit, ça lui semblait invraisemblable. Mais après avoir réalisé que son camarade de classe était décédé et qu’elle ne le verrait plus jamais, Olivia eut une sensation étrange de mal être. Sa première réaction fut d’essayer de se rappeler si elle lui avait une fois dit quelque chose de gentil. La réponse était évidemment non et elle en fut bouleversée.
Plusieurs jours après, des dispositifs avaient été mis en place pour que les enfants puissent parler de ce drame, mais parler avec une psychologue ne soulageait pas mon amie. Elle avait un sentiment de honte et de regret tellement fort qu’elle ne pouvait pas le garder pour elle. Elle en a donc parlé avec la psychologue, qui lui a certifié que sa réaction était normale, mais qu’en aucun cas ce qui s’était passé était de sa faute. Olivia le savait très bien mais elle avait tout de même l’impression qu’Henri était mort à cause d’elle et de ses amies avec leurs méchancetés à répétition.
Cette expérience, qu’elle qualifie de traumatisante, lui a permit d’analyser la notion du « bien et du mal », et de comprendre pourquoi il est nécessaire de combattre ces formes de harcèlements, que ce soit en primaire, comme au lycée. Le harcèlement moral et physique est un acte très grave qui peut avoir des conséquences fatales. Ainsi donc, cette expérience a marqué sa vie dans le sens où elle a compris très tôt les enjeux du harcèlement moral très jeune, et que dès qu’elle a pu voir ce cas de figure dans un établissement, elle a toujours essayé d’intervenir ou elle a tout simplement alerté un adulte, au lieu de ne rien faire comme un plus grand nombre que l’on croit, font. Ça a forgé sa personnalité et ça l’a fait grandir plus vite. Sans cette événement tragique, elle dit qu’elle aurait certainement pris une autre direction. Elle n’aurait pas été la personne toujours prête pour aider les autres qu’elle est aujourd’hui, et c’est donc en cela qu’elle qualifie cette expérience de marquante.
Clip audio : Le lecteur Adobe Flash (version 9 ou plus) est nécessaire pour la lecture de ce clip audio. Téléchargez la dernière version ici. Vous devez aussi avoir JavaScript activé dans votre navigateur.
ABOUDOU Imane