Tas de mangues

Pour une histoire de mangues…

L’histoire se passe au Mali, j’avais à l’époque 14 ans.
Un vendredi après midi, un bel après midi d’ailleurs, bien ensoleillé, je propose à mes camarades, 5 pour être précis d’aller cueillir des mangues. Sans hésiter, ils ont tout de suite accepté sachant qu’on avait tout notre temps pour rentrer chacun chez soi après.
Nous voilà donc sur le chemin, on discute, on rigole pour profiter du temps présent. Et sans nous en rendre compte, on arrive sur les lieux. On pouvait commencer notre activité. On était 5 gosses bien organisés, et nous avions notre propre manière de procéder à la cueillette, c’est-à-dire que trois personnes montaient sur l’arbre pour cueillir les mangues et les deux autres restaient en dessous pour ramasser celles qui étaient cueillies et alerter ceux qui sont en haut en cas de repérage (on sifflait pour donner l’alerte).
L’endroit était peut être mal choisi de part sa fréquentation, en effet on y trouvait que des familles de gendarmes, de soldats et autres militaires vu que c’était un camp militaire.
Pendant la cueillette, on a vu passer un militaire qui semblait être occupé à autre chose et nous pensions ne pas attirer son attention, tel n’était pas le cas car le militaire faisait la ronde et en nous apercevant, il a alerté un de ses collègues. Avant que ce dernier ne s’exécute, mes trois camarades restés sur l’arbre sont descendus le plus rapidement qu’ils ont pu après notre signalement.
On a pris la fuite mais les deux individus couraient derrière nous, ils étaient moins rapide comparés à nous à cause de toute leur panoplie de tenue (bottes lourdes, tenues empilées, armes dans la gaine…)
En courant, un obstacle s’est dessiné devant nous, un petit pont qu’on devait tous sauté pour passer de l’autre coté. Chose qu’on a pu faire sans grande difficulté. Enfin presque ! En sautant, j’ai trébuché, donc j’ai perdu mon équilibre et mon cartable s’est ouvert et quasiment toutes mes affaires d’écolier sont tombées. Je n’ai pas eu le courage de m’arrêter pour les ramasser au risque de me faire choper, et donc j’ai continué de courir. Le militaire les a donc ramassés.
Plus on courait, plus l’espace s’agrandissait devant nous, mes potes et moi avons donc eu l’idée de courir chacun vers un chemin différent, ce qui permettrait aux deux militaires de faire le choix de poursuivre deux d’entre nous et non tous les cinq en même temps.
Notre plan avait réussi sauf que je ne voulais pas que je sois l’une des deux cibles. En me retournant, je vois un militaire qui est déterminé pour m’arrêter juste pour des mangues, et je me suis dis que je me laisserai pas faire. Par chance, je vois un parc non loin de là et je me dirige vers la porte d’entrée.
Je m’étais dis que j’étais sauvé en entrant dans le parc et en voyant les buissons.
En entrant dans les buissons pour me fondre dans le décor, j’ai perdu une de mes chaussures. J’ai quand même réussià me cacher dans les buissons et j’ai attendu. J’étais là, immobile, j’avais presque arrêté de respirer par peur d’être repéré. En bougeant un peu ma tête, je vois le militaire en train de regarder de gauche à droite tel un suricate cherchant une éventuelle trace de moi. Je me croyais dans un film d’action. Je n’ai pourtant pas perdu espoir vu que j’étais bien planqué mais j’avais peur qu’il trouve ma chaussure restée dehors.
Peu après, voyant qu’il y avait beaucoup de personnes dans le parc, il a abandonné les recherches et est retourné à son poste. Pendant ce temps, j’en ai profité pour sortir de ma cachette et partir retrouver mes camarades. L’histoire n’était pas finie. On discutait et essayait de trouver une solution pour reprendre mes affaires tombées.
Comble de surprise, on voit l’un des militaires assis non loin de là avec mes affaires sous ses pieds et nous faisant signe pour venir les récupérer.
Avec nos cœurs d’enfants, on hésitait à y aller mais on a fini par céder vu qu’on n’avait pas le choix, particulièrement moi, sans quoi je ne serais pas rentré chez moi. On avançait lentement et sûrement et on a fini par nous rapprocher du militaire en question. Ils nous posait des questions pour savoir les motivations qui nous ont poussées à venir cueillir des mangues dans un camp militaire. On ne savait pas quoi répondre. N’ayant aucun élément de justification, il a décidé de nous punir en nous faisant faire des pompes, chose que lui aussi a du subir lors de sa formation militaire sans doute.
Finalement après 15 minutes d’intense entrainement, il a fini par me donner mes affaires et on a même causé un peu après. On s’est liés d’amitié par la suite et on passait le voir souvent quand il n’y avait pas de classe et il nous racontait des histoires qu’il avait vécues.

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DIOMBERA Oumar

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