Le traitement médiatique de Charlie Hebdo à l’international

Dans un premier temps, le soutien est venu d’une presse internationale unanime et choquée de l’attentat des locaux de Charlie Hebdo. Leur réaction a été de défendre la liberté d’expression. Puis suite à la une du numéro des survivants, les doutes sont apparus et le soutien s’est fait plus discret dans certains pays. Les caricatures ont embarrassé les médias étrangers, jugées comme une réaction inappropriée bien qu’attendue.

Les pays anglo-saxons ont abordé le sujet avec des pincettes. Concernant les États-Unis, le sujet de l’islam est souvent lié à l’actualité en dehors du pays pour des événements graves et violents. Leur choix, influencé par les concepts puritains traditionnels,  est définie par le respect des mœurs comme au Royaume-Uni. Les médias anglo-saxons sont face à un problème celui de « News Value » : l’importance de l’information est reconnue, elle doit donc être relayée pour sa valeur mais entre en conflit avec la notion d’offense. Les médias dans leur ligne éditoriale prennent en compte ce problème. Le délit de blasphème est fortement sanctionné par des groupes religieux boycotteurs.

La polémique  est  celle de montrer ou non la couverture du numéro de Charlie Hebdo au prix d’une autocensure. Le choix politique est de ménager les opinions pour éviter les réactions de crispations notamment venant d’un public client et consommateur. Les chaînes d’information en continue américaines, CNN et Sky News ne diffusent pas la une et vont jusqu’’à interrompre l’interview avec la journaliste, Caroline Fourest, qui travaillait à Charlie Hebdo. A contrario, Fox News l’a diffusé largement.

Au Royaume-Uni, la presse est prudente pour s’exprimer devant une population plus multiculturaliste. The Guardian et The Times ont trouvé la solution : la mettre en petit format. Par prévention, des messages ont été  écrits pour informer de la possibilité de « choquer la sensibilité de certains ». La liberté de la presse naît au 17ème  et 18ème siècle aux États-Unis et Angleterre en opposition au contrôle étatique. En France, ce droit s’établit lors de la révolution dans le contexte du respect des droits de l’Homme.

Le cas des « no go-zone » illustre les dérives journalistiques. Un envoyé spécial à Paris, présenté comme expert, annonce que des zones géographiques ressemblent aux rue de Bagdad et que les banlieues contiennent beaucoup d’islamistes radicaux.

Le prophète Mahomet en larme retient le soutien de la majorité des pays hispaniques.

Pour les pays à population majoritairement de confession musulmane, les voix s’élèvent contre l’extrémisme mais le soutien au journal se fait modeste et retenu. La ligne éditoriale de la revue parisienne crée des discordes dans les rédactions. C’est le cas des journaux dans les pays où il existe un délit de blasphème (la rédaction du journal saoudien Al Jazeera s’enflamme). Le sujet principal est surtout celui de la situation des musulmans de France. Kapitalis, journal tunisien affirme que “les criminels fanatiques ont pris en otages les musulmans de France et du monde”. L’éditorialiste de la chaine NDTV en Inde déplore l’acte “Ces caricaturistes et journalistes qui resteront toujours en vie dans nos mémoires sont des martyrs de la liberté d’expression, alors que les taches de sang qui ont sali l’image du Prophète, seront difficiles à nettoyer”, le Malaysian insider note que “Si les tueurs pensaient mettre fin à la satire par la terreur, ils se trompent. Le monde en sait d’avantage aujourd’hui sur Charlie Hebdo”. Beaucoup pensent aussi que la liberté d’expression, droit important, ne doit pas aller jusqu’à offenser les croyants dans leur liberté de culte comme Novaïa Gazeta en Russie ou Al-Monitor qui dit que “Les Européens qui invoquent les droits de l’Homme sont déconnectés du réel”.

 

La situation complexe de la une n’a pas empêché les ventes du numéro d’exploser en France. Celui-ci chiffre à 2200 euros sur le web…

 

Lou Magloire

Mariama Kaba

Alexandra Koffi

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