SLAM – Cher Dieu du Hip-Hop

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Cher Dieu du Hip-Hop,

L’idée de te dénigrer ne m’a même pas effleuré mais faut pas croire que je viens te conter fleurette. Le Hip-Hop est devenu une sorte de microcosme régi par une administration où les têtes d’affiches pensent pouvoir donner des punitions en sucrant des réputations. Tout ça pour quoi ? Garder leurs positions.

Découvrir les 4 branches est devenu aussi compliqué qu’aller à la croisée des mondes ; à croire que tous les gens qu’on croise veulent nous démonter. À peine intéressé qu’on veut nous dégouter. Pour ma part, dites trop jeune, trop inexpérimentée pour pouvoir m’exprimer. Limite on voudrait m’boycotter. C’est cheum, hein ! Dieu du Hip-Hop remets-les sur le droit chemin.

Il ne faut pas croire que je me sens persécutée. Non, non ! Je suis plutôt en mode : « Je vais percer mais toi, où t’es ? ». Vrai que parfois mes mots je les utilise comme un gun, mais t’inquiète pas je reste « peace, love, unity and having fun ». Sauf que je fais de l’écriture ma plus belle arme. J’aiguise mon style comme ma plus belle lame. J’assume les critiques comme les plus grosses balles. Mais attention, méfies-toi ! L’eau sur mon visage ne sont pas des larmes, mais la sueur de mes efforts car de réussite j’ai la dalle.

Allez, je souffle un peu ! Je sais le mouvement est loin de s’essouffler.

Mais s’il te plaît : l’administration du Hip-Hop pense qu’on est à « leur merci, tu peux leur dire qu’ils ne sont pas notre Messi ? »* Qu’aucun d’entre eux ne s’est retrouvé ici pour commander ou que sinon ils peuvent prendre la porte direction Exit ?

Au passage.
Dis-leur que le Hip-Hop c’est ni à toi, ni à moi.
Dis-leur que le Hip-Hop c’est un toit pour des mois.

Un refuge social pour les drogués de la street dont tu ne peux fuguer et où l’addiction est ta plus belle cuite. Les addicts ne vont pas tomber, le Hip-Hop n’est pas prêt de sombrer ; mais que pouvons-nous faire pour l’aider à avancer quand les « underground » préfèrent passer des nuits à tiser en clamant que « Non, le HH ne doit pas être médiatisé ». Aucun droit de les mépriser car eux, l’école de la rue les a apprivoisée. Mais ces codes, faudrait peut-être les enseigner ou du moins, les adapter ? Car oui, les temps ont changés.

Allons ! Dieu du Hip-Hop, dis-leur que c’est une culture, que même sans danser, graffer, rapper, composer, on peut contribuer à un futur. Rétrogradée par un statut dont ils sont peu habitués, je me suis déjà demandée…

Et si je me mettais à rapper ? Au départ, seulement dans ma baraque parce que j’aurais encore une carapace. Lorsque je sentirais mes lyrics chaudes comme un macaron et puissantes comme Barack Obama, alors là ! J’irais m’aventurer dans le Rap Game avec “mille tracks, no trac” comme motto.
Des textes, des textes à en détester la voix des gens.
Des textes, des textes à ne plus détecter que je manque de sommeil.
Quoi, moi, je mens ? Je vous jure que je n’en dormirai plus la nuit, certaine qu’écrire sera ce dont j’aurais le plus envie. Une sorte d’hibou de la street qui physiquement s’effrite pour faire du boucan. Mais tout cela m’épuiserait. Les gens aiment faire de la quête de la célébrité un fléau. Je ne suis pas une chanteuse de Maldon : j’aurais beau avoir la musique dans la peau, je voudrais qu’on me récompense pour le mal que je me donne.

Et si je mettais à composer des beats ? Je commencerais par m’acheter des vinyles et puis des disques, on est toujours respecté quand on est puriste. Je ferais ensuite mes propres beats que je bouclerais à la va-vite et posterais sur quelques sites. J’aurais de la veine si les gens partagent sans critiquer, je le sentirais venir quand viendra le temps des mixages en soirées. Mais tout cela m’épuiserait. Je finirais par craquer : « Aidez-moi ! » parce qu’hiberner des mois afin de cuisiner des sons pour avoir un beat frais, tout ça pour finir dans le Samsung d’un mec en Beat by Dre.

Et si je me mettais à graffer ? J’irais à Foot Locker m’acheter mes premières bombes et marcherais fièrement dans la rue, la poitrine bombée. Si par hasard, je me sens l’âme de Goudurisk, moi, jeune fille lambda, alors je sortirais de nuit tagger quelques murs à mes risques et périls sous les lampadaires de Paris. Mais tout cela m’épuiserait. Si on me repère, j’aimerais finir dans une galerie cotée, pas au poste de police d’à côté.

Et si je me mettais à danser ? Je m’entrainerais dans quelques mètres carrés parce que les premières mois/années, interdiction de se montrer. Quand l’idée de me montrer viendra, je me boosterais assez pour aller me confronter aux regards que les gens viendront me jeter en battles. Cette fosse aux lions, je la dompterais. Mon style de danse, vous l’adopterez. Et si d’arrogance vous me traitez c’est que mon auto-suffisance vous aura dérangé. Je ne serais ni une polygame, ni une poule du game ; les gars qui m’entourent ce sont eux qui me comblent, ils me donneront la force de vous faire de l’ombre. Mais tout cela m’épuiserait. Je m’étonnerais qu’un pair clamant être un ancien vienne jouer au père comme si j’étais un orphelin. Je ne veux pas n’être qu’une ombre, une sorte de Calimero qu’on ne reconnait qu’à base de « t’es son petit mais t’es quel numéro ? ».

Nul part dans ces cases, je me reconnais et limite j’allais changer.
Même pour le Hip-Hop, je suis pas prête de commencer.

Je pense tout ce que j’ai écrit mais n’ai pas écrit tout ce que je pense.
Panser des passionnés meurtris par une immense pénurie d’information.
La voracité Hip-Hop ne nous fera jamais prendre des calories, ce n’est qu’une passion.
Mais à en écouter certains, ça finira par nous affamer ou pire, nous dépouiller.
C’est décidé, en tant que jeune étudiante, je vais vous confectionner des buffets.

Je vais finir sur ces quelques mots, en espérant qu’ils ne causeront aucun maux.
Je suis ok pour discuter, mais cherchez pas à m’accuser car je pourrais toujours me disculper.

Culturellement vôtre,

LANCELOT Lydivine

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