Agneau en détresse

Il y a trois semaines environ, je rentrais de la fac tranquillement vers 18 h, soudain à deux maisons de chez moi, dans la forêt, j’entends bêler.

Pas si étonnant, la forêt est sous un champ contenant un troupeau de moutons. Je me dis que l’un d’eux s’est encore aventuré trop loin et passe mon chemin. Arrivée à la maison ma mère me dit d’aller chez ma grand-mère en bas de la rue pour lui rendre un livre. Prenant le livre et des bottes à talon j’y vais. J’entends bêler de nouveau. Mais cette fois ils sont deux. Je monte dans la forêt voir ce qui se passe. Et voilà que je me retrouve nez à nez avec tout le troupeau.

On se dévisage quelques secondes puis l’un a peur et initie un mouvement de retraite. Bien vite imité par ses congénères. Ils remontent chez eux. Satisfaite je me retourne pour aller rendre mon livre mais j’entends un faible bêlement. Je parviens à distinguer une minuscule forme blanche tremblotante. Alors ça c’est trop fort ! Dans leur hâte peureuse ils ont oublié leur petit. Je les entends encore monter et s’éloigner du petit. Je m’en empare donc et leur crie « hé ! Vous en avez oublié un ! Mais revenez donc ! ».

Comprenant que mes invectives sont vaines je cale mon livre sous un bras, l’agneau sous l’autre et me voilà à crapahuter dans la forêt boueuse en talons et dans le noir le plus complet pour rattraper le troupeau. J’entends la mère en retrait qui appelle son petit et presse le pas. Il faut savoir que je suis tout sauf sportive et qu’un agneau même si petit ça finit par peser. Je les rattrape au moment où ils sortent du bois. Je lâche le petit et m’éloigne pour que sa froussarde de mère puisse le récupérer. Mais celui-ci se dresse sur ses pattes tremblotantes et se dirige vers la forêt.

Je le reprends donc et m’élance vers sa mère. Le troupeau s’en va deux champs plus loin. Le chien du troupeau apparaît et m’aboie dessus. J’abandonne l’idée de les rattraper. Je me mets en quête de la maison du fermier. Après 5 portes closes je décide de revenir à la ferme et crie s’il y a quelqu’un. Le chien et les moutons font un tel raffut qu’une voix sort de la nuit pour me dire que oui ce sont effectivement ses moutons. En boitant – j’ai fusillé mes talons entre-temps – je lui tends l’agneau qui avait fini par me prendre pour sa mère et que je portais comme un bébé, il le prend donc par les pattes arrière et d’un ton bourru me remercie car le petit était né la veille et qu’il ne pouvait donc pas suivre le troupeau.

Fière de mon action et ayant rendu le livre intact à ma grand-mère je rentre raconter l’histoire à ma mère. Tout ce qu’elle a trouvé à me dire c’est : « ho c’est bien ! Mais enfin tu sais Marion, ce n’est pas pour la laine qu’il l’élève ce troupeau-là … ».

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Marion Legras

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