Plus de peur que de mal

Mon histoire se passe pendant la guerre dans mon pays d’origine, la République Démocratique du Congo.Je devais avoir entre 8 ou 9 ans quand ça s’est passé. Il y a eu dans le pays une rumeur concernant des civiles potentiellement armés. Il a donc été décidé de manière informelle à mon avis de fouiller les maisons pour chercher des armes.

Il devait être 5 heures du matin, quand des militaires se sont introduits chez  nous.

Je me souviens que je dormais avec mes deux sœurs. On a été réveillé par des gros bruits à l’extérieur. Les militaires ont escaladé les murs de la maison. Notre chien n’arrêtait pas d’aboyer. Jusqu’à un certain moment. On ne l’entendait plus. À ce moment j’ai commencé à avoir très peur. Je suis allée dans le lit de ma sœur me blottir contre elle. À cet instant, ma mère est entrée dans la chambre en nous demandant de ne pas en sortir. Ça m’a fait encore plus paniquer.

Les militaires s’étaient bien introduits dans la maison. J’entendais leurs voix, ils ne parlaient ni en français ni en Lingala, le dialecte le plus parlé au Congo. Ils parlaient Souahili. Du coup, je ne comprenais pas grand-chose, j’entendais ma mère et mon beau-père tenter de leur expliquer qu’ici il n’y avait pas d’armes, mais ils tenaient absolument à fouiller la maison. Ils ont commencé par le salon, puis la salle à manger, la cuisine, la chambre de notre domestique et la chambre des garçons. Quand ils sont arrivés à notre chambre les battements de mon cœur ont triplé, je tremblais comme une feuille ne comprenant pas ce qui se passait. Pour la première fois de toute ma vie je voyais une arme, et pas des moindres. Je me suis agrippée au bras de ma sœur de toutes mes forces. J’ai fermé les yeux. J’entendais au loin ma mère dire qu’« ici il n’y a que des filles » et qu’il n’y a pas d’armes. Finalement, ils se sont arrêté à l’entrée de la chambre… Je me rappelle que seule la lumière du couloir éclairait ces quatre militaires.  Quand ils ont refermé la porte j’ai fondu en larmes tellement j’avais peur. Ils se sont ensuite dirigés dans la chambre des parents, qu’on a découverte sans dessus dessous quand ils sont partis et qu’on a enfin pu sortir de notre chambre.

Le plus bizarre dans cette histoire est que ces soit disant militaires de la République étaient des voleurs car deux parfums ainsi qu’une montre et un collier en or de ma mère ont disparus. Encore plus bizarre, de toutes les maisons du voisinage aucune n’a été fouillée.  Notre maison étant la plus grande de la rue et j’y vois là une possible explication.

Au final tout est rentré dans l’ordre. Après un long rangement collectif,  j’ai couru voir le chien. Il était vivant mais un peu flagada.

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MASOKA Melissa

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